Nous sommes le 24 janvier 2008, Il est minuit. Je suis assise sur le canapé du salon. Mon mari dort car le landemain, il doit se rendre au boulot. Moi, je suis assise lá. Je me demande combien de temps, elle va encore me faire attendre. Je n'en peux plus.Je suis fatiguée, épuisée, éxténuée. Je n'arrive plus à marcher. Faut dire que j'ai un ventre impressionant.
Je vis la torture...Pour aller au toilette, c'est une torture. Pour me lever du canapé, c'est une torture.Pour monter les escaliers, c'est pire que la torture.Pour me coucher sur le dos,c'est une torture.Quant à dormir sur le ventre,ce n'est même pas envisageable. je ne peux plus rester longtemps assise,ni même rester longtemps debout.Je ne peux plus porter mes chaussures toute seule.je ne peux plus marcher plus de cinq minutes.
Rien ne me va. Je veux qu'elle vienne. Nous sommes à J+2 du terme.
La veille, j'étais chez le médecin. Alors qu'Il m'examinait, je lui ai demandé:"Mais quant est-ce qu'elle arrive?je suis épuisée". ma chére dame qu'il m'avait répondu, à mon avis, elle n'est pas préte d'arriver.tout indique que vous n'accoucherez ni demain, ni même aprés-demain. J'étais sorti du cabinet médicale dépitée.
Et puis il y a cet envie, cette envie de savoir qu'elle trait a le bébé.comment est son visage, sa peau, ses pieds. A qui elle ressemble? Aura t-elle deux pieds ou trois? Comment sera le bébé qui sortira de mon ventre? comment je me comporterai avec elle? serai-je une bonne mère? saurai-je etre maman?saurai-je m'y prendre? saurai-je etre patiente? saurai-je l'aimer, la défendre?
saurai-je ?
Il est donc minuit et je suis toujours assise sur notre canapé au salon. Le téléphone sonne...C'est ma belle-soeur, la femme de mon cousin qui est elle aussi enceinte. Elle est á son neuvieme mois: " V... tu es toujours là? je t'appelais tout en étant sûre que tu aurais déjá accouché" Je lui dis embétée: " Ben non, je suis là. J'attends. et puis je vais me coucher, excuse moi, mais je te rappelle demain. je suis fatiguée".
A peine avais-je raccroché que je commencais à perdre les eaux...
Et puis j'ai eu peur.
Et puis, j'ai appelé ma maman qui m'a conseillée d'aller à l'hopital. Je prends donc un bain, je réveille mon chéri qui dort. On prend le sac et nous nous mettons en route. C'est dans la voiture que les contractions commencent.Une contraction, C'est comme une onde qui commence au bas du ventre et qui monte jusqu'au coeur. Et ensuite, qui repart en laissant un sentiment de bien-etre extrême...Jusqu'á la prochaine contraction.
A l'hopital, mon col ne commence qu'à s'ouvrir malgré la souffrance déjà endurée. mais la sage-femme nous rassure que le bébé sera effectivement lá quelques heures plus tard. J'observe émue, comment elle appréte minutieusement ses affaires. Elle déplie des serviettes blanches, qu'elle étale sur une table à langer. Elle vérifie si la balance est bien réglée. Elle prépare les ustensiles, et puis elle attend...Elle vérifie les battements du coeur du bébé chaque fois que j'ai une contraction.Et Moi à chaque fois, je crie. Mon mari me soutient. Il me dit:"Tu vois, bientot, on aura notre princesse avec nous"... "Ma chérie, ca ira "
Et moi, je crie:" je veux la péridurale, je veux la césarienne, je veux voir ma maman,...Chéri, j'ai mal,j'ai trop mal" Et la sage-femme:" Trop tard pour la péridurale, le col est ouvert à 8-9 centimetres " Et lá, une folle envie de gifler la sage-femme.mais bien entendu, je n'en fait rien...
Et puis, est venue cette furieuse envie de pousser, de pousser ...
...la sage-femme qui crie: madame poussez, on voit la tête, on voit ses cheveux...Et moi qui pleure, et mon mari qui me dit:" chéri, un dernier effort"
Et puis....la douleur... quelque chose qui glisse...le ventre qui se vide...
...les cris.les cris du bébé, de notre princesse. Je ne réalise pas.
J'entends :"Chérie, regarde, voici notre princesse, voici notre petite princesse, chérie, regarde..." Et moi, je ne réalise toujours pas. Je suis sonnée par la douleur de l'accouchement, par tout ce que je viens de vivre. Mon mari prend le bébé, la berce, il est fou de joie... et on me la donne enfin. Je la regarde. Elle a bien deux yeux, deux pieds. Elle a une trés jolie peau, les beaux doigts de son papa.Je lui fais des bisous. Je ne me pose pas de questions. Je sens que je l'aime, je lui parle...On me la reprend.
On me fait des soins et on m'installe dans un lit. On me pousse jusqu'á ma chambre. C'est une chambre simple, bien eclairée. Sur un mur, J'apercois un tableau. Il y est ecrit un verset biblique qui dit quelque chose comme "Dieu nous aime et nous protége. Il nous bénit." En meme temps, On m'améne ma puce dans son lit. Je la regarde et je me surprends á pleurer.Elle est si petite, si belle et je sens qu'elle m'aime aussi.Elle m'aime sans que je n'aie rien fait pour. Je pleure.je prends mon bébé, je la serre contre mon coeur et je lui dis: "Bienvenue"... Je pleure et je me dis que, mon mari et moi avons été touchés par la grâce.
EDIT: Aprés moultes hésitations, je décide de publier cette article. La sauvegarde de cet article en brouillon a hélas éffacé le commentaire de Bekmama et celui de ma soeur.Je les prie de m'en excuser.